Rencontre avec Carine Faucher autour du Bref
jeudi 18 mars 2021

Nous sommes allées à la rencontre de Carine Faucher, responsable de la communication au Tnp et responsable de publication du Bref, pour en savoir plus sur cette nouvelle revue de la création. 

 

Marie : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots avant de nous parler du Bref

Carine : Je suis Carine Faucher et je suis responsable communication au Tnp (Théâtre National Populaire de Villeurbanne) depuis trois ans. 
Le Bref c’est un nouveau document qu’on a lancé sur la saison 2020-21. En fait, c’est arrivé en même temps que la nouvelle direction en janvier 2020. Ce document se veut être le journal de la création, c’est un bimestriel, le premier numéro étant septembre-octobre et ensuite novembre-décembre. L’idée c’est surtout de faire des focus sur la création, les spectacles qui sont en répétition au Tnp, de manière à montrer tout ce foisonnement artistique. L’objectif aussi c’est de faire le focus sur les artistes associés, les artistes invités et puis ensuite, il y a les rubriques récurrentes qui mettent en évidence l’agenda. Il y a également une bibliographie dont on peut s’inspirer puisque ça fait écho à différents spectacles qui sont joués ou en répétition au Tnp. Le Bref, c’est un document qui peut accompagner la programmation sur toute l’année. 

Laurine : Est-ce que vous pouvez nous parler un peu du lien qu’il y a entre ce format et celui qui avait été créé par Jean Vilar? Jean Vilar avait créé un journal qui a été arrêté pendant de nombreuses années, est-ce qu’on peut considérer cette nouvelle formule comme une reprise ? 

Carine : Exactement, alors c’est un peu comme un retour aux sources en fait, peut-être cette version est-elle un peu différente de celle d’avant mais c’est vrai que ce journal de la création reprend le titre qui était historique. On a renoué avec l’histoire du Tnp : par exemple on a renoué une collaboration plus présente avec la Maison Jean Vilar, depuis l’arrivée de Jean Bellorini (Directeur actuel du Tnp). La Maison Jean Vilar a beaucoup de documents historiques qui ont été initiés par Jean Vilar, les Bref en font partie. C’est une manière de revenir à l’origine du Tnp, qui officiellement a eu 100 ans cette année aux environs de novembre 2020. On devait le célébrer, ça n’a pas pu se faire. En tout cas, le Bref, c’est un retour vers l’histoire, les origines du Tnp, pour finalement parler de l’avenir, de l'actualité. Ce Bref, il est né aussi du désir de mettre en évidence les créations au théâtre, de refaire le lien avec Jean Vilar, directeur historique du Tnp. Ça permettait de faire le lien avec le centenaire et de faire le lien avec une exposition qu’on accueillait et qui est toujours là sur Jean Vilar et ses notes de service :  
Jean Vilar avait un peu la fâcheuse manie des fois, de mettre des billets d’humeur ou de critique, ou des notes de service sur le panneau d’affichage du théâtre. Par exemple, il pouvait tout à fait mettre une note en disant : "Mais qu’est-ce que c’est que ces notes de taxis complètement dispendieuses, je vous rappelle qu’il est hors de question que vous preniez systématiquement, vous chers comédiens et vous chers comédiennes ou autres, les taxis”. Ou alors il pouvait avoir des remarques en disant "Je vous demande de faire attention aux costumes que vous avez, sachez qu’en fait, il y a eu des heures de travail par l’équipe de l’atelier costumes”. Il veillait à tout, il était partout. Il était aussi du genre à mettre une note à l’attention de l’équipe technique "Sur le plateau je vois la poussière voler, faites le nettoyage, faites le nécessaire, il est hors de question pendant la représentation de tel soir qu’il y ait de la poussière”. Il faisait vraiment attention à tout. Alors le Bref, quelque part, sous la direction de Jean Vilar, c’était aussi un document qui faisait vraiment le lien avec le public et c’était pour le coup vraiment un document de ressource et un travail extrêmement pointu sur soit un texte, soit un auteur. 
Nous, sur cette version 2020-21, on n’a pas souhaité que ce soit comme une documentation sur les spectacles, parce que au temps de Jean Vilar ça pouvait être une trentaine de pages. On a la volonté de continuer à avoir un lien avec le public, toujours, mais d’accompagner la programmation en faisant des focus, d’accompagner les documents de communication en étant le plus accessible possible. Le format, on l’a fait un peu version gazette, un peu comme un média gratuit qui pourrait être l’équivalent d’un Hétéroclite ou d’un Petit bulletin. Ce qu’on retrouve d’un point de vue graphique c’est : la police de caractère qui est attachée au Tnp et puis la couleur générique du Tnp. Ce qui serait génial, c’est qu’on puisse fêter le centenaire en novembre 2021, et mettre à disposition du public les quelques Bref qu’on aura pu faire et puis en documentation les anciens Bref qui sont archivés à la Maison Jean Vilar. Ce document se veut vraiment un lien avec le public comme Jean Vilar a pu le faire et c’est un peu un retour en arrière pour finalement aller de l’avant. 

Marie : Quel est l’objectif principal de ce journal de la création? Avez-vous des choses à ajouter à ce sujet ? 

Carine : Alors, oui, il est en pleine évolution en fait. Au début on s’est dit : le premier numéro, il y a peut-être des choses qui manquent, donc on a réajusté dans le numéro 2 et on réajustera certainement dans le numéro 3 ou 4 et les suivants. Dans les suivants on mettra plus en avant l’illustrateur Serge Bloch.  Nous voulons l’associer plus au prochain numéro. On souhaite que Serge fasse une proposition, peut-être un peu comme si c’était Sempé qui faisait un dessin de presse dans le Monde ou dans le Figaro, où il choisira selon la ligne éditoriale du numéro et il pourra peut-être réagir en faisant une illustration à sa manière. L'objectif principal du Bref, c’est vraiment de rendre compte de la panoplie de l’activité qu’on a au Tnp et de ne pas garder avec les spectateurs une liaison uniquement basée sur les représentations. L’idée c’est vraiment de montrer ce foisonnement en tant que maison de création et c’est vrai que c’est peut-être plus affirmé par Jean Bellorini comme un centre dramatique national et donc avant tout un outil de travail pour plein d’équipes différentes, de tailles différentes, des compagnies émergentes, etc… 

Laurine : Avez-vous eu des retours des lecteurs et des lectrices du Bref ? Et au niveau des abonnements, avez-vous eu des abonnements de personnes qui ne sont pas des abonnés du Tnp ? 

Carine : On a mis volontairement un petit module de demande d’abonnement à titre gratuit. On a eu, au départ, des retours plus de personnes qui connaissaient le théâtre puisque la diffusion, à l’heure actuelle, a été modifiée en raison de la crise sanitaire. Je voulais que le public du Tnp le reçoive dans sa boîte aux lettres, que ce soit mis ici à disposition et de la main à la main, ou distribué au public quand il vient au Tnp. En termes de diffusion, je voulais presque que ce soit diffusé comme La Terrasse en région parisienne c'est-à-dire devant les lieux culturels qui sont ouverts pour des représentations. Tout ça, forcément, on a balayé l’idée. Après on s’est dit : on va recentrer, parce que ce sera beaucoup plus simple et qu’il y a plein de lieux qui sont fermés comme nous, où c’est compliqué, avec des petites jauges. Donc on s’est dit on fait le routage, dans les boîtes aux lettres et on le remettra que de la main à la main. 
Comme le public ne vient pas, pour l’instant, on a le routage avant tout et donc au fur et à mesure qu’on a des demandes par mail ou par courrier qui nous renvoient ce petit bordereau, on réajuste notre fichier et on intègre les nouveaux arrivants ou les nouveaux demandeurs, mais pour l’instant on n’est pas sur un élargissement du public, on est plutôt sur un public qui connaît le Tnp. 
Pour les plus âgés, ils vont dire que ça leur rappelle quelque chose et ils font référence à Jean Vilar. Pour d’autres, ça leur plaît le format court, les textes, l'édito. Moi,  j’aimerais bien avoir un peu la réaction en live quand c’est diffusé de la main à la main mais ça pour l’instant on n’a pas réussi à l’avoir. Je n’ai pas encore vraiment de retours autrement dit, si ce n’est que oui, les gens, en tout cas, le demandent. Pour vous donner un ordre d’idée le routage ça concerne à peu près 5500 envois. Au départ, j’avais tablé entre six et sept milles exemplaires, par numéros, hors diffusion devant les lieux. Là, je réduit la voilure mais admettons que ça réouvre au mois de septembre nous aurons un spécial centenaire, je tablerai un peu plus fort en termes d’exemplaires, peut-être aux alentours de 8000. Mais c’est vrai que c’est encore un peu tôt : pour nous, à la communication il est difficile de savoir si ce qui a été lancé fonctionne.

Marie : Est ce que la crise sanitaire a impacté la rédaction des articles du Bref

Carine : Ah oui ! A chaque fois, l'édito a été systématiquement remanié au moment du BAT ( bon à tirer), on a tenu compte de l’actualité, du fait que ça fermait au moment où nous bouclions. Ce qui a été véritablement impacté c’est la partie agenda, puisqu’on avait presque pas mentionné de dates comme on ne savait pas si on allait pouvoir les honorer. Là, le prochain numéro qu’on devait éditer en février, qui devait faire mars-avril, on s’est dit : “ On va pas faire un numéro de mars puisque tout va être bousculé et modifié si on ne réouvre pas, on va plutôt parler de avril-mai-juin”
Le dernier numéro de cette saison  va donc être un peu hybride puisqu’il va être de trois mois au lieu de deux. Mais il y a des rubriques qu’on va garder, par exemple systématiquement on aura le “Bienvenue à “ pour parler d’un artiste qui vient pour la première fois au Tnp, le “TNP en Famille”, “Le TNP en tournée”, “Le TNP à l’international”, “le répertoire TNP” ( quand une scène du répertoire Tnp est joué et par exemple mis en scène par Jean Bellorini) et le “coin lecture”, qui vont être aussi des rubriques récurrentes. 

Laurine : Le Bref va-t-il continuer après la réouverture des théâtres ? Allez-vous en modifier la forme ? 

Carine : Non, parce qu’on va essayer d’instaurer une formule. Peut-être qu'à la fin de la saison 21-22 on se dira que ça n’est plus d’actualité, mais en tout cas la version papier va rester. Par contre, ce qui change c’est qu’on se dit qu’il faut qu’il y ait des pendants numériques qui fassent écho, qui ne soient pas forcément les mêmes mais qui renforcent la publication papier. Par exemple, ce qui était prévu dans le n°3 c’était qu’on parle de la création de Two Old Women de Velma Wallis et Lilo Baur, et en même temps que la parution du Bref, qu'on ait une vidéo qui s’appelle “Les coulisses de la création” diffusée sur les réseaux et le site du Tnp. ça faisait deux faisceaux différents mais qui se répondaient. Ce qu’on se dit aussi pour la suite, c’est qu’il faut que ce pendant numérique soit peut être plus fort ; que quand on a par exemple le portrait d’un artiste dans le Bref on puisse retrouver un portrait vidéo, un extrait du spectacle, un portrait chinois de l’artiste sur notre site. ça je pense qu’on va l’affirmer, parce que le poids du numérique c’est important. En attendant, il reste feuilletable en ligne sur le site. 

Laurine : En ce moment justement je trouve que c’est important d’avoir un journal papier, c’est un bel objet, qui rappelle les programmes de théâtres aux abonné.e.s …

Carine : C’est important pour nous justement d’avoir des retours sur ce format papier. Ça fait partie de notre ligne éditoriale de départ d’associer vraiment un photographe au Bref, à savoir Jacques Vizon. La manière dont il nous accompagne avec les photos de la saison, c’est pas vraiment des photos de spectacles, il ne vient pas à une répétition générale photo, il ne s’occupe pas des photos qu’on va retrouver sur le site ou dans la presse par exemple. Lui, il traite les images uniquement en noir et blanc et il va se focaliser vraiment sur un détail  de l’architecture, du lieu, du décor, quelqu’un qui travaille aux ateliers décors… Et cet encrage noir et blanc, ça fait partie de la ligne éditoriale et de cette idée de ne pas se focaliser uniquement sur un seul métier du théâtre mais vraiment de mettre en valeur ceux qu’on ne voit pas forcément. Il y a aussi l’idée que la quatrième de couverture est toujours un peu plus abstraite, par exemple celle-là (quatrième de couverture du numéro 2 : une violoniste seule sur scène s’entraîne dans la salle vide) à la base ça devait être le détail d’un projecteur. Tant mieux si le Bref ouvre une autre fenêtre sur l’univers du Tnp. 

 

Pour plus d'informations : https://www.tnp-villeurbanne.com/boutique/bref-instants-de-la-creation/